The cheap show est l'enregistrement live du spectacle d'une demoiselle qui s'annonce comme le Fregoli de la chanson. Sur fond de pastiche, Anais renoue avec la tradition de la chanson fantaisiste et nous offre un festival de parodies, grappillant dans tous les registres, avec souvent changement à vue dans le même morceau.
Ça démarre fort avec "Même si la vie pas du foie gras" qui nous emmène du côté de la chanson francophone canadienne qui dérape parfois du côté anglophone avec "Feel me". L'imitation est si réaliste qu'on se demande pendant les premières minutes si on ne s'est pas trompé de galette (à supposer bien sûr que la pétulante Linda Molay figure dans votre discothèque !).
Dans le même genre, "Elle sort qu'avec des blacks" sorte de bossa à la France Gall époque Michel Berger qui vire mélopée africaine sur les douceurs des amours métissées subitement interrompu par la diatribe du blanc évincé ("Pardon, mais je suis blanc et je dois dire je comprends pas/Moi aussi je sens bon et je sais danser la salsa…Je suis un bon cuistot, je sais faire le poulet coco/Je regorge de caresse et de tendresse et pourquoi cette fille là ne voudrait pas de moi ?") n'est pas mal non plus.
Mais la voilà déjà qui vitupère sur l'extériorisation des mamours infantilisantes des amoureux des "Mon coeur, mon amour", épais coulis qui la laisse le cul par terre, plus par dépit que par méchanceté ("Je hais les couples qui se rappellent quand je suis seule") petite chanson comico-tendre qui se teinte de tonalités yéyé pour finir en gospel.
Car même les jolis sentiments ont leur revers de médaille et elle ne les loupe pas. Ainsi en est-il également de l'attendrissement ébahi devant le nouveau-né qui ne doit pas faire oublier les douleurs de l'enfantement ("La plus belle chose au monde")
Faisant ce qu'elle veut de sa voix, une vraie et belle voix, elle restitue à elle seule l'atmosphère d'un festival de musique en Ecosse ("Pendant ce temps là en Ecosse") ou le blues du Delta ("Bad blues player").
Et tout passe à sa moulinette incisive et moqueuse : le lénifiant r'n'b ("Pendant ce temps-là sur MTV) comme le rap à la Fabulous trobadors avec des trémolos à la Francis Cabrel ("Rap collectif") et à vous de retrouver les épinglés de "Christina", "La vie est dure" et "Je t'aime à en crever".
Avec des textes incisifs, moqueurs, souvent tendres-amers qui font mouche ("Je t'aime à en crever, à en crever tes pneus pour que tu restes là", Dans la vie je me sens très seule je dors à table c'est inévitable parce que la nuit je déplace les meubles"), Anais, Meilleur album et révélation Printemps de Bourges 2005, fait flèche de tous bois et se joue des modes tout en sortant des sentiers battus de la futur ex-nouvelle chansons française.
Elle s'est déjà fait un prénom. Retenez-le bien !
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