Texte
de françois Begaudeau, mise en scène de Isabelle
Duprez, avec Régis Bourgade.
Adaptée du premier roman éponyme de François
Bégaudeau, palme d'or 2008 à Cannes avec "Entre
les murs", "Jouer juste" entraîne le spectateur
dans un vestiaire de stade. Que ce dernier se rassure : il ne
s'agit pas d'une immersion triviale dans les coulisses du sport
mais d'une leçon de science footballistique dispensée
par un entraîneur psychotique.
Celui-ci prêche une pratique dogmatique du football qui
consisterait à la fois en une technique imparable - qui
ne reposerait pas sur la trilogie physique "positivité-action-dynamisme"
mais sur une triade mentale "mobilité-disponibilité-présence
aux autres" - et une exigeante éthique sportive
excluant toute manifestation de sentiment primaire au profit
de l'élégance du geste.
Dans sa tentative névrotique de rationaliser le comportement
humain quel que soit son domaine d'intervention, celui qui se
veut un maître à jouer entend appliquer ces règles
au domaine amoureux dès lors que l'amour, désubjectivisé
et surtout écartant toute passion et toute exultation
du corps, ne doit tenir que par le style.
Sur scène, sous la direction de Isabelle
Duprez, en complet veston et cravate de consultant, Régis
Bourgade exécute, à partir d'une partition
plus philosophique que dramaturgique, une belle prestation en
donnant une corporéité à cet élucubrateur
quasi mystique obsédé par le caquetage de la poule
et la compote, édictant des diktats condamnant la glace
au chocolat et le chewing gum parfum fraise, doublé d'un
handicapé de la vie. |