Les 27, 28 et 29 janvier 2017, le Melodica Acoustic Festival était à Paris à La Bellevilloise pour sa troisième édition. Un festival qui propose uniquement des découvertes et qui prend des risques, c'est rare et précieux. Un festival itinérant qui prend place là où les bonnes volontés ont l'énergie suffisante pour organiser tout le Barnum qu'impose une telle mise en place. Les groupes viennent bénévolement et sont défrayés selon la générosité du public. Le prix d'entrée à Paris est de 3 euros (en un mot que dalle pour une soirée de concerts !), mais bien entendu on peut donner plus, une petite boîte étant prévue pour laisser plus, l'argent ainsi récolté est ensuite divisé et redistribué à chacun des participants pour le remboursement des frais de transport.
Une idéologie participative et de partage. Vous pourriez peut-être dire : "oui mais bon les groupes sont pas intéressants, ils ne sont pas connus, je ne vais pas me déplacer même pour 3 euros". Je vous répondrais que c'est bien dommage car c'est justement l'occasion de découvrir des groupes qui pour la plupart d'entre eux jouent pour la première fois en France. Ils viennent d'Allemagne, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Islande, d'Australie, des États-Unis, du Royaume-Uni et même de France. 16 groupes sur 3 jours pour 9 euros, je dis que ça vaut vraiment la peine d'y aller et de soutenir cette aventure musicale et humaine. Cette année encore, de nombreuses découvertes et des coups de cœur que je suivrais comme j'ai pu le faire l'année dernière avec les excellents She Owl, Peter Piek et Hannah Tolff.
Jour 1 - Vendredi 27 janvier
Les festivités commençaient tôt le vendredi, 18h ouverture des portes. Le temps de partir de Vanves de mon travail, j'arrive dans la salle vers 18h30, Darren Cross, un Australien qui m'a fait penser à un Vic Chestnutt neurasthénique, qui fredonne des chansons aux mélodies mélancoliques et très captivantes, était déjà sur scène, seul avec sa guitare, assis sur une chaise, sa casquette vissée sur sa tête.
Son premier album solo sous le coude, il nous propose en live des chansons extraites de _Xantastic (sorti sur le label français Rockers Die Younger, soutenez l'indépendance achetez l'album ici. Une voix douce, un discours amer sur une société qui part en vrille et des politiques qui se radicalisent. On ne peut que tomber amoureux de ce personnage cabossé, au sourire charmant et aux compositions qui font mouche à chaque fois. Le festival commence et je suis déjà sous le charme.
L'anglaise Keto monte sur scène, avec sa guitare électrique, il est seulement 19h10 et je me prends ma deuxième baffe de la soirée, une voix intense et habitée résonne dans la Bellevilloise, nous sommes maintenant une poignée dans le public, le silence est d'or, on est accrochés aux lèvres de cette frêle anglaise, qui impose une présence timide et réservée. Derrière sa guitare, elle assène des notes et une voix qui nous embarquent dans ses aventures ! Leah Sanderson me captive, ce festival est surprenant !
Le suédois Meadows aka Christoffer Wadensten, monte sur scène, sa guitare folk à la main, il retiendra mon attention jusqu'au bout. Il présente son album The Only Boy Awake. Des chansons douces sur l'amour et la vie qui nous entoure. C'est touchant, c'est beau, ça fait du bien.
La France est représentée ce soir là par Cynthia Abraham, qui propose des boucles de sa voix ou de sons qui, petit à petit assemblés, forment une composition originale. Une petite voix qui ne demande qu'à se faire entendre.
La soirée se termine par l'immense Kendy Gable, américaine. Une chanteuse engagée qui a peur pour son pays depuis que son nouveau Président fait n'importe quoi et divise plutôt qu'il ne rassemble. Depuis peu sur Berlin, elle propose ici des chansons folk ou un peu country sur des thématiques d'aujourd'hui. Une voix et une présence qui imposent un silence presque total. A suivre de près dans les prochains mois.
Cette première soirée est maintenant terminée, je rentre chez moi des mélodies plein la tête, le cœur empli d'émotions fortes, je mettrai du temps à m'endormir car la musique procure une telle excitation qu'il est toujours difficile de fermer les yeux, de peur de ne plus se souvenir le lendemain ce que l'on a vécu et partagé la veille. Heureusement pour moi, je m'en souviens encore et je m'en souviendrai encore longtemps. |